Ecologie du Carapa

En tant qu’espèce tropicale, le carapa se développe dans les zones de climat chaud et humides, avec une température moyenne de 24°C et des précipitations annuelles allant de 2000 à 4000 mm.
Pour cette partie nous différencions carapa guianensis et carapa procera.

Carapa guianensis domine plus particulièrement au bord des rivières et des fleuves (jusqu’à plusieurs dizaines d’arbres à l’hectare), dans les zones marécageuses ainsi qu’en forêt secondaire. Il peut même, rarement, constituer des peuplements monospécifiques. Carapa procera est uniquement présent en forêt naturelle (ou peu perturbée) de terre ferme, et est plus abondant sur sol à drainage superficiel que sur sol bien drainé en profondeur. Il n’atteint jamais de densités très élevées (quelques arbres à l’hectare). Contrairement à c. guianensis, c. procera se limite à la region des Guyanes. Au Nicaragua, Costa Rica et au Panama on trouve une troisième espèce de carapa, c. nicaraguaiensis [Guariguata et al. 2000].


La distinction botanique entre C. procera et C. guianensis a été révisée par Pennington et al. (1981). Les caractères morphologiques distinguant les deux espèces sont :

  • C. guianensis : fleur sessile, subsessile ou, très rarement, avec un pedicelle court et épais ; généralement 4 meras avec 8 anthères, 1 ovaire, 4 locules avec 3-4 ovules par locule ; feuillets plus elliptiques, avec un apex effilé.
  • C. procera : fleur toujours avec un pedicelle bien identifiable ; généralement 5 meras avec 10 anthères, 1 ovaire, 5 locules avec 3-6 ovules par locule ; feuillets généralement oblongs avec l’apex arrondi.
    En période de fructification, les deux espèces se distinguent facilement par leur fruit. Le fruit de c. procera est composé de cinq coques (chaque coque portant de 0 à 4 graines), tandis que ceux de c. guianensis n’en comporte que quatre.

  • En Afrique de l’Ouest, de la Côte d’Ivoire jusqu’au Cameroun, on trouve C. procera mais il s’agit ici certainement d’un groupe de 9 espèces. Cette espèce y est d’ailleurs en danger d’extinction du fait d’une surexploitation des arbres, en particulier au Nigeria. En Afrique de l’Est, au Zaïre et au Rwanda, on rencontre Carapa grandiflora en forêt de montagne. Ces deux espèces africaines (c. procera et c. grandiflora), tout comme C. guanensis, sont riches en Tetranortriterpenoides, substances toxiques pour les insectes [Joe Connelly].

  • C. guianensis et C. procera sont des arbres à feuillage persistant qui peuvent atteindre jusqu’a 60m de hauteur et 2m de diamètre (pour C. guianensis, le tronc de C. procera étant généralement plus étroit). Le tronc est droit et cylindrique, parfois pourvu de contreforts dans le cas de C. guianensis. La moitié inférieure voire les deux tiers inférieures sont dépourvus de branches, tandis que la couronne est large, dense avec des branches épaisses, courbées et ascendantes. Les feuilles sont alternatives, sans stipules, disposées selon un arrangement hélicoïdal, regroupées au bout des branches. Le carapa ne se trouve plus au dessus d’environ 700m d’altitude, exception faite de certaines régions du Venezuela, de l’Equateur ou de la Guadeloupe où il peut être vu jusqu’à 1000m. + photo feuilles (SM) + noix de Carapa (SM) Les inflorescences sont larges, de 20 à 80 cm de longueur, très branchues, axillaires ou subterminales. Les fleurs sont unisexuelles, elles diffusent une odeur délicate légèrement musquée. Le pistil possède un ovaire rond ou rectangulaire et les étamines portent des ovules vestigiaux. Les fruits parviennent à maturité au bout de 6 mois et sont récoltés de Mars à Juin. La déhiscence sépare naturellement les quatre ou cinq valves (selon l’espèce) et s’ouvre partiellement ou entièrement. La production moyenne par arbre et par an est estimée à 200 kg de graines.
fruits de Carapa procera

Le fruit possède un pédoncule épais et ligneux qui s’abscisse à maturité, et les fruits tombent au sol. L’enveloppe de la graine est dure, rugueuse, uni et de couleur brun/roux. Les graines sont grosses et anguleuses et leur croissance est determinée par la taille du fruit et le nombre de graines qu’il contient. Les quelques dizaines ou centaines de graines produites entre Mars et Juin sont consommées par certains vertébrés du sous-bois, pécaris et rongeurs, assurant de ce fait la dispersion et le recrutement des arbres.

Le ratio entre la production de graines et la régénération est généralement faible , en raison d’une forte mortalité des graines et des semis en sous-bois au cours de la saison sèche, d’une consommation intense par les vertébrés, et de l’infestation en saison des pluies par un parasite spécifique : Hipsiphylla grandella , dont les larves se développent au sein des graines. En revanche, la dissémination des graines par des rongeurs dans et à proximité des chablis est une étape incontournable du recrutement de l’espèce et de son maintien à long terme dans l’écosystème forestier. En l’absence de dissémination, les graines qui persistent au sol sont fortement parasitées, la régénération à la base de l’arbre étant dans ce cas fortement aléatoire à moyen terme. [Pierre-Michel Forget]

Pour la suite, le terme carapa designera les deux espèces (procera et guianensis) confondues. Au cas où une seule des deux espèces soit concernée, il sera indiqué laquelle. – Description de C. guianensis Aubl., par L.A. Fournier, fichier pdf. – Effect of dessication on the recalcitrant seeds of carapa guianensis Aubl. and carapa procera DC, article de K.F. Connor, I.D. Kossmann Ferraz, F.T. Bonner et J.A. Vozzo, fichier pdf. – Rain-tree nutrition et Tropical plant database, page web générale et complète sur la carapa. – Page web FAO sur la carapa. – Site Winners and Loosers, nombreux articles pointus et complet sur la carapa et les problematiques qui lui sont liées. Carapa procera DC. var. procera [family MELIACEAE] Entry for Carapa procera DC. [family MELIACEAE] Saisie à partir de: Burkill, H.M. 1985. The useful plants of west tropical Africa, Vol 4 Contributeur: Royal Botanic Gardens, Kew Utilisations: Agri-horticulture, Medicines, Phytochemistry, Products

Auteur : Guillemot, Nicolas. Le Carapa, Un Arbre Tropical Aux Intérêts Écologiques Et Économiques Prometteurs. INAP-G, Stage de césure 2ème année (Paris: 2004).