Les labels « bio »

Les labels bio se multiplient, mais faut-il leur faire confiance ? Quelle certitude avoir sur la part d’ingrédients bio dans un produit ? Faisons un point.

Les organismes de certification ébauchent enfin des réponses aux attentes de tous ces pauvres consommateurs que nous somment, complètement perdus, de part l’Europe, dans la jungle des labels naturels et bios! Ils ébauchent tant et si bien qu’ils laissent même le choix entre 2 labels européens (source La course au label européen) :

Natrue

label bio NaTrue logo

NaTrue d’un côté se pose comme le premier, ouvert à certification depuis Septembre 2008. Issus de l’association de laboratoires leaders sur leur marché (Weleda, Hauschka et Logona) il propose 3 niveaux de certifications: naturel, naturel en partie bio et naturel bio.

Référentiel Cosmos

3 labels du référentiel cosmos Ecocert, Ecocosmetique et Bio

Le référentiel Cosmos, programmé pour application le 3 Mars 2009, est quant à lui le fruit d’un consensus entre des organismes de certification et des associations de fabriquants et consommateurs (Ecocert-Cosmébio (France),BDIH (Allemagne), Soil Association (GB), BioForum (Belgique) et AIAB-ICEA (Italie). Il proposera 2 niveaux de certification: naturel et bio.

Dans les grandes lignes les 2 standards s’accordent à distinguer au sein des ingrédients naturels et d’origine naturelle (N) ceux issus d’un process physique (NP) de ceux issus d’un process chimique(NC): pour exemple les matières naturelles – huiles, plantes, et leurs extraits – obtenus par filtration, macération, distillation, dessication d’un côté et les esters, alcools, tensio-actifs obtenus par estérification, hydrogénation à partir de matières premières naturelles de l’autre. Les ingrédients non naturels sont de facto synthétiques (S).

Critères de distinctions

Critères de NaTrue

Les critères retenus par Natrue tendent à valoriser les NP au détriment des NC en fixant respectivement un % min et un % max par classe de produit. Les certifications bios rajoutent une dimension bio avec 70% min d’origine bio dans les ingrédients NP pour la 2* – 95% pour la 3* – et une liste de 6 ingrédients NC devant être bios (glycérine, cire d’abeille, d’olive, coco, palme, ricin), liste à entrer en vigueur en 2012…Si la certification « naturelle » a du sens les certifications « bios » sont timides. La partition par classe de produit est intéressante pour les formulateurs mais je crains qu’elle ne rende obscur un label déjà rendu confus par un système d’étoiles peu clair. De plus le faible rayonnement international de ce label allemando-allemand laisse à craindre un vrai manque de visibilité…

Critères du Référentiel Cosmos

Le référentiel Cosmos me paraît bien plus intéressant. Il est ambitieux : au delà de la dimension produit il prend en compte la production, le packaging, l’environnement (sur les bases de l’ISO 14000), l’étiquettage et les revendications produits. ‘Naturel » ou « Bio » un produit certifié affichera au minimum 95% de N (=NP+NC) soit un max de 5% de S. S’il ne fait pas de partition entre les NC et les NP il requiert néanmoins dans son label « Bio » un min de 95% d’origine bio dans les NP et 30% d’origine bio dans les NC. Il est clairement question de promouvoir l’agriculture biologique. Le label « Naturel » repose juste sur le respect du ratio N/S dans le cadre des réactions autorisées par la charte – à ce sujet la question du retrait de la sulfatation comme réaction autorisée est en consultation.

Conclusion

Au délà d’une éventuelle guerre des labels , je retiendrai que :

  • – Le label « Naturel » de Natrue est le plus cohérent des 2 : il privilégie la part d’ingrédients naturels non transformés chimiquement donc ceux les plus proches de leur vraie « nature »
    – le label « Bio » de CosmoStandard est le plus abouti des 3: il est exigeant sur le % bio et les critères prennent en compte la dimension globale du bio (environnement, reflexion sur les packagings…)
    Néanmoins le nombre de critères à prendre en compte rend l’analyse que l’on peut faire de ces 2 labels délicate – je vous invite donc à ouvrir le débat!

*abréviations propres à cet article – par souci de clarté